Le démantèlement des centrales nucléaires de Doel et Tihange
Sur les sept réacteurs nucléaires que compte la Belgique, trois ont déjà été mis à l’arrêt définitif : Doel 3, Tihange 2 et Doel 1. Les premières opérations de démantèlement ne démarreront qu’en 2026, après la phase de mise à l’arrêt définitif. Elles seront menées à bien par l’exploitant des centrales, Electrabel, et devraient aboutir au déclassement final des installations aux alentours de 2051, selon le planning actuel. Les réacteurs Tihange 1 et Doel 2 devraient également être mis à l’arrêt en 2025. Doel 4 et Tihange 3 seront par contre prolongés jusqu’en 2035.
Le démantèlement des réacteurs nucléaires de Doel et Tihange constitue un projet industriel majeur en Belgique, dans lequel la coopération entre l'ONDRAF et Electrabel jouera un rôle important. En tant qu'exploitant nucléaire, Electrabel a la responsabilité de mener à bien ce projet. L'ONDRAF, de son côté, prendra en charge les déchets radioactifs issus du démantèlement. Il y a toutefois encore beaucoup à faire avant que ces déchets nous soient transférés. Nous devrons notamment construire de nouveaux bâtiments, extensions et installations pour le traitement, le conditionnement et l’entreposage de certains flux de déchets.
À terme, environ 1% seulement de la masse des matériaux issus de ce démantèlement restera radioactif et sera pris en charge par l’ONDRAF (pourcentage communiqué par Electrabel).
L’arrêt définitif
Doel 3, Tihange 2 et Doel 1 sont entrés en phase de mise à l’arrêt définitif (MAD). Pendant cette phase qui couvre une période d'environ cinq ans après l'arrêt des réacteurs, ceux-ci sont préparés au démantèlement. L'élément central de cette phase est le retrait de tous les combustibles usés. Ces combustibles usés refroidissent pendant plusieurs années dans une piscine de désactivation située sur le site des centrales nucléaires. Ils sont ensuite transférés dans un bâtiment – également sur le site des centrales nucléaires – où ils sont entreposés pendant une période pouvant aller jusqu'à plusieurs décennies. Plusieurs étapes vont s’enchaîner pendant la phase de mise à l’arrêt définitif.
Au cours de la phase de démantèlement, les réacteurs nucléaires sont préparés à cette fin. L’accent est mis sur l'enlèvement de tous les combustibles usés. © ENGIE Electrabel
Phase de démantèlement
Après l'obtention de l'autorisation de démantèlement commencent les opérations proprement dites qui dureront environ 10 ans suivant le planning d’Electrabel. Au cours de celles-ci, les principales installations, telles que la cuve du réacteur, les générateurs de vapeur, le circuit primaire et l’écran biologique (l'épaisse paroi en béton) entourant la cuve du réacteur, sont découpées et retirées.
La grande majorité des matériaux (99 %) issus de ces opérations sont des déchets conventionnels (béton et métaux) et sont recyclés ou réutilisés autant que possible ; les autres matériaux (environ 1 %) sont radioactifs (pourcentages communiqués par Electrabel). Ils se composent de déchets de faible ou moyenne activité et de courte durée de vie, ainsi que de déchets de faible ou moyenne activité et de longue durée de vie. Les premiers flux devraient nous être transférés à partir de 2027 suivant le planning d’Electrabel.
Une quarantaine de flux de déchets
Il est question au total d’une quarantaine de flux de déchets, volumineux en quantité et/ou complexes en termes de caractérisation. Ces flux de déchets, dont certains inédits, devront faire l’objet d’un processus d’agrément par l’ONDRAF : nous devrons vérifier qu’ils répondent à nos critères avant de les prendre en charge. Nous garantirons ainsi de pouvoir les gérer de manière sûre, durable et responsable. Des inspecteurs de l’ONDRAF sont d’ailleurs régulièrement présents sur les sites de Doel et Tihange pour suivre les différentes phases de mise à l’arrêt et contrôler de près la production et la gestion des déchets radioactifs.
Les combustibles usés
Les combustibles usés ne sont pas (encore) considérés comme déchets radioactifs. Ils sont actuellement toujours sous la responsabilité de Synatom et se trouvent dans d’épais conteneurs. © ENGIE Electrabel
À l’heure actuelle, les combustibles usés ne sont pas (encore) considérés comme des déchets radioactifs. Ils relèvent pour l’instant de la responsabilité de la société Synatom. En vertu de l’accord conclu en 2023 entre ENGIE et l’état belge, ces combustibles usés qui se trouvent dans des conteneurs à parois épaisses, seront transférés à l’état belge en 2050. Nous tenons compte de la possibilité que l’ensemble des combustibles usés acquièrent un jour le statut de déchet radioactif. Les combustibles nucléaires usés sont des déchets de haute activité (de catégorie C). Ils devront être isolés de l’Homme et de l'environnement pendant des centaines de milliers d'années, dans une installation de stockage en profondeur.
De nouveaux bâtiments et de nouvelles installations
La prise en charge des déchets de démantèlement des centrales nucléaires nécessitera la construction de nouvelles installations sur notre site de Dessel, exploité par Belgoprocess.
Un bâtiment de réception et de transfert des déchets en vrac
Les déchets de faible ou moyenne activité et de courte durée de vie seront placés en vrac dans des paniers sur le site des centrales et seront ensuite acheminés vers un nouveau bâtiment sur notre site de Dessel. Ils y seront transférés dans des caissons en béton spécifiques. Ces caissons seront ensuite scellés et remplis de mortier dans l’IPM (Installation de Production de Monolithes). Les monolithes ainsi obtenus seront destinés à la future installation de stockage en surface. Selon le planning actuel, ce bâtiment de réception et transfert sera mis en service en 2029.
Nous devrons construire de nouvelles installations sur notre site de Dessel pour prendre en charge les déchets de démantèlement des centrales nucléaires.
Deux extensions
Le bâtiment qui sert actuellement à entreposer les déchets de haute et de moyenne activité sera agrandi.
Une extension sera construite au bâtiment où sont actuellement entreposés les déchets de haute et moyenne activité. Cette extension abritera notamment les composants internes des cuves des réacteurs. Une autre extension sera construite pour entreposer les résines moyennement radioactives issues des activités de décontamination chimique des réacteurs, ainsi que les composants métalliques radioactifs provenant des piscines des réacteurs après vidange de celles-ci. Selon le planning actuel, cette extension sera mise en service en 2027.
Une installation de pyrolyse
Une installation de pyrolyse sera construite pour traiter les résines radioactives qui devraient nous parvenir en 2027. Réalisée sous atmosphère inerte, c’est-à-dire en l’absence d’oxygène, à une température comprise entre 300 et 500°C, la pyrolyse entraînera la décomposition thermique des composés organiques présents dans ces résines. Elle permettra de réduire considérablement le volume des résines et de les transformer en un produit intermédiaire stable en attendant leur conditionnement.
Le démantèlement d’Eurochemic (BP1) à Dessel
Inaugurée en 1966, l’usine-pilote de retraitement des combustibles usés Eurochemic était un projet international situé sur le site actuel de Belgoprocess, notre filiale industrielle à Dessel. Ce projet a pris fin en 1974 et en 1986, l’État belge nous a chargés de démanteler l’usine. Nous gérons également les déchets radioactifs issus de l’exploitation de l’usine et de son démantèlement. Eurochemic est aujourd’hui démantelée pour environ 80 %.
Le démantèlement de l’ancien département «Waste » du SCK CEN à Mol (BP2)
Le site 2 de Belgoprocess est implanté à Mol et regroupe les installations de l’ancienne division de traitement et de conditionnement de déchets radioactifs du SCK CEN, le centre de recherche nucléaire. Ces installations ont été mises à l’arrêt fin 1988, puis transférées à l'ONDRAF en 1990. L’État belge nous a chargés de les démanteler. Nous gérons également les déchets radioactifs historiques présents sur place lors de la mise à l’arrêt et ceux issus des opérations de démantèlement.
Le démantèlement de la société faillie Best Medical Belgium SA à Fleurus
La société Best Medical Belgium (BMB), établie sur le site nucléaire de Fleurus en Wallonie, produisait des radio-isotopes utilisés pour le diagnostic et le traitement de certains cancers. Elle a fait faillite en 2012. Nous avons été chargés de démanteler les installations qui n’avaient pas fait l’objet d’une reprise, et nous sommes devenus exploitant du site. Nous gérons également les déchets radioactifs issus de ces opérations qui devraient s’achever en 2031 selon le planning actuel.
Dernière modification le 22/04/2025