Comment évaluons-nous la sûreté de la future installation de stockage en surface au-delà de 350 ans ?
L’installation de stockage qui accueillera les déchets radioactifs de faible et moyenne activité et de courte durée de vie est conçue pour être sûre et fiable, aussi bien pendant la période opérationnelle qu’à très long terme. Grâce notamment à des scénarios d’évolution et des modèles informatiques, nous sommes ainsi en mesure de démontrer qu’elle restera sûre pendant plusieurs milliers d’années, voire plus.
Un contrôle actif pendant 350 ans
L'installation et ses alentours feront l’objet d’un contrôle permanent pendant 350 ans. Plusieurs aspects seront contrôlés, par exemple l'impact radiologique sur l'environnement (air, sol, eau) et une éventuelle contamination radiologique. Ou encore les performances de l’installation : jusqu’ à sa fermeture, c’est-à-dire après 100 ans, les modules seront équipés d’espaces d’inspection qui permettront notamment de déceler à temps les éventuelles fissures ou infiltrations d’eau et d’y remédier. La couverture sera également inspectée régulièrement.
Et après 350 ans ?
Garantir et démontrer la sûreté à long terme de l’installation de stockage en surface ne s’arrête pas à 350 ans, moment où le contrôle actif sera levé. Les radionucléides de courte durée de vie présents dans les déchets perdront la majeure partie de leur radioactivité au cours de cette période de contrôle de 350 ans. Ce n’est pas le cas des radionucléides de longue durée de vie qui resteront radioactifs pendant plusieurs milliers d’années, voire plus. Or, ces radionucléides peuvent être présents en très faibles quantités dans les déchets qui seront stockés.
Afin de garantir la sûreté de l’installation sur le très long terme, nous devons savoir comment les barrières ouvragées comme le béton ou la couverture vont évoluer sur plusieurs centaines, voire plusieurs milliers d’années. Quels sont les événements et perturbations qui pourraient entraîner une dégradation de ces barrières et à terme, un relâchement de ces radionucléides dans l’environnement ? Quelle est la probabilité que ces évènements et perturbations se produisent, à quelle intensité et à quelle période du cycle de vie de l’installation ? Et avec quels effets radiologiques pour l’Homme et son environnement ?
Une description détaillée
Nous avons tout d'abord réalisé une description détaillée, scientifiquement fondée, de l'évolution attendue de l’installation de stockage, notamment sur la base de nos programmes de recherche, développement et démonstration (RD&D). Mais le degré de confiance vis-à-vis de cette description diminue avec le temps. En effet, après environ mille ans, les incertitudes tendent à augmenter et l’installation se dégradera progressivement. D’autres évolutions, liées à des perturbations non attendues mais possibles, pourraient également se produire.
Des scénarios d’évolution
Dans nos évaluations de sûreté à long terme, nous nous servons ensuite de différents scénarios qui décrivent chacun une évolution possible ou hypothétique de l’installation et de son environnement. Le scénario d’évolution attendue constitue le scénario de base. Des scénarios d’évolution alternative décrivent les effets des perturbations non attendues mais possibles. Dans ce type de scénario, l’installation de stockage se dégrade plus vite, plus tôt ou plus lourdement que prévu. Que se passerait-il, par exemple, en cas de tremblement de terre de forte magnitude ?
Nous avons également étudié les scénarios d’intrusion humaine. Que se passerait-il si quelqu’un pénétrait involontairement dans l’installation de stockage après la levée du contrôle ? Il pourrait y avoir une exposition radiologique pour l'intrus, pour la population proche et pour l’environnement.
Enfin, nous avons étudié les scénarios «pénalisants » : après quelques milliers d'années, les incertitudes sont telles que nous partons du principe que le confinement et l'isolation du stockage sont minimes.
Des modèles informatiques
En coopération avec le centre de recherche nucléaire SCK CEN, nous développons ensuite des modèles informatiques qui simulent le comportement de l’installation de stockage à très long terme en fonction des différents scénarios d’évolution et en tenant compte du comportement des barrières ouvragées principales. Ceci nous permet de confirmer que le niveau de confinement et d’isolement assuré par l’installation reste proportionné aux risques que présentent les déchets. Pour estimer les effets radiologiques possibles, il existe aussi des modèles permettant de simuler la migration des radionucléides dans les eaux souterraines, puis dans l'environnement..
Le principal indicateur : la dose de radioactivité
Grâce à nos modèles, nous calculons des indicateurs dont le plus important est la dose à laquelle l’Homme et l’environnement seraient exposés pour tous les scénarios d’évolution envisagés. Nous étudions actuellement trois groupes d'âge : les adultes, les enfants d'environ 10 ans et les tout-petits qui sont sensibles à des radiations spécifiques et pourraient subir des effets plus importants. Grâce à des modèles internationaux, nous calculons également la dose de radioactivité pour la faune et la flore environnantes.
Quelle est la conclusion ?
Dans les différents scénarios étudiés, les effets radiologiques à long terme respectent les critères imposés par l’autorité de sûreté belge. Les calculs indiquent donc que le stockage est aussi sûr à long terme. Les évaluations de sûreté présentent une double fonction : elle nous permettent à la fois de démontrer que l’installation est sûre sur le long terme et d’imposer en amont des critères pour les déchets et les barrières ouvragées que nous allons vérifier avec précision pour démontrer que nous pouvons être confiants quant à la sûreté de l’installation.
Comment les déchets radioactifs sont-ils préparés au stockage en surface ?
Les fûts contenant les déchets radioactifs destinés au stockage en surface seront d'abord placés dans des caissons en béton (monolithes). Ce processus se déroule juste à côté du site de stockage, où l'ONDRAF a fait construire toute une infrastructure périphérique pour préparer les déchets au stockage. Nous gardons ainsi le contrôle sur ce qu'il advient des déchets à chaque étape et ils n'ont pas à parcourir de distances inutiles.
À quoi ressemblera l'installation de stockage en surface ?
Les monolithes contenant les déchets radioactifs seront stockés dans d'épais bunkers en béton. L’installation de stockage a été conçue pour résister aux incidents et aux conditions météorologiques extrêmes. Une fois l'installation fermée, une couverture permanente composée de différentes couches de protection naturelles et artificielles sera mise en place.
Comment garantissons-nous la sûreté de l’installation de stockage en surface ?
La construction de l’installation de stockage fait l’objet de préparatifs minutieux. L'un des principes clés de la sûreté est l'isolement des déchets radioactifs et le confinement des radionucléides. Pour ce faire, nous mettons en place une série de barrières physiques autour des déchets et de l’installation de stockage. Une surveillance réglementaire de la sûreté sera assurée à différents niveaux et par différentes instances.
Autorisation nucléaire pour le stockage en surface à Dessel
Stockage en surface
Pour obtenir l’autorisation nucléaire pour le stockage en surface, l'ONDRAF a constitué un dossier de sûreté de plus de 20 000 pages. Nous y avons démontré en détail comment la sûreté de l’installation sera assurée.
En savoir plusDernière modification le 22/04/2025