Comment se déroule un chantier de démantèlement ?

Démantèlement d’installations nucléaires

Les chantiers de démantèlement des installations les plus importantes doivent faire l’objet d’une autorisation de démantèlement délivrée par l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN), après avis favorable de l’ONDRAF. Nous vérifions et approuvons également le plan de déclassement final que les exploitants de ces installations sont tenus de nous soumettre trois ans avant l’arrêt définitif de leur installation. Sur la base de ces éléments, nous estimons le volume des déchets radioactifs qui seront générés ainsi que les coûts associés à leur gestion. Nous vérifions également si les exploitants ont prévu les moyens financiers nécessaires pour couvrir ces coûts.

Les chantiers de démantèlement nucléaire de taille importante font l’objet de plusieurs étapes clés. Au terme de ces étapes, l’installation nucléaire est retirée de la liste des installations nucléaires et est soit réhabilitée soit démolie. Les étapes sont :

  • mettre l’installation à l’arrêt définitif

  • sécuriser le site

  • inventorier et caractériser les installations et équipements contaminés

  • assainir et décontaminer

  • démanteler

  • recycler/réutiliser les matériaux ou traiter, conditionner et entreposer les déchets radioactifs

  • déclasser l’installation

  • réhabiliter ou démolir l’installation.

Nous supervisons actuellement deux chantiers de démantèlement dont nous avons confié l’exécution à Belgoprocess. À la demande des exploitants nucléaires, ou des autorités en cas de faillite de ces derniers, nous pouvons également procéder nous-mêmes aux opérations de démantèlement. C’est le cas de notre site à Fleurus, en Wallonie.

Les projets de démantèlement nucléaire comportent plusieurs étapes. Aussitôt ces étapes terminées, l'installation sera supprimée de la liste des installations nucléaires.

En quoi consiste un plan de déclassement ?

Il s’agit d’un document évolutif. Le plan de déclassement initial, qui est établi par l’exploitant dès la mise en exploitation de l’installation nucléaire, vise principalement à définir la stratégie de démantèlement et les techniques utilisées, et à en évaluer les coûts associés. Il est ensuite revu tous les cinq ans pendant la phase d’exploitation. Au plus tard trois ans avant l’arrêt définitif de l’exploitation, ce plan devient le plan final, qui vise à confirmer la stratégie définitive de démantèlement. Chaque plan de déclassement doit nous être soumis pour vérification et approbation.

La mise à l’arrêt définitif de l’installation

Avant de procéder aux opérations de démantèlement, les installations nucléaires sont officiellement mises à l’arrêt définitif. Dans le cas spécifique des centrales nucléaires, la phase de mise à l'arrêt définitif couvre une période d'environ cinq ans pendant laquelle la centrale est préparée au démantèlement. L'élément central de cette phase est le retrait de tous les combustibles usés des centrales.

La mise en sécurité du site

Dans un premier temps, la sécurité et la sûreté des bâtiments et des installations sont vérifiés et, si nécessaire, améliorés. L’objectif de cette première étape est de veiller à ce que tous les systèmes de sécurité fonctionnent de façon optimale et que le personnel puisse travailler dans les meilleures conditions de sécurité et de sûreté possibles.

L’inventaire des installations et équipements contaminés

L’ensemble des installations et équipements contaminés doivent être inventoriés et caractérisés (sur le plan physico-chimique et radiologique).

Il faut ensuite dresser un inventaire des installations et équipements contaminés et procéder à leur caractérisation physico-chimique et radiologique. Cette caractérisation permet aussi de définir les stratégies d’assainissement et de décontamination.

L’assainissement et la décontamination

L’assainissement consiste à collecter, trier et évacuer les installations et équipements mobiles ou facilement démontables. Vient ensuite la décontamination qui permet d’éliminer ou de réduire la contamination radioactive par des procédés mécaniques (abrasage, polissage, …), chimiques ou électrochimiques. Grâce à la décontamination, en moyenne moins de 10 % des matériaux issus des opérations de démantèlement deviennent en fin de compte des déchets radioactifs que nous prenons en charge. Il s’agit principalement du béton et des métaux.

Les installations et équipements qui ont été décontaminés peuvent alors être  «libérés » : ils sont soit recyclés ou réutilisés car ils ne présentent plus de risque radiologique ( «libération inconditionnelle »), soit mis en décharges spécifiques ( «libération conditionnelle »).

En fonction des doses radiologiques auxquelles sont exposés les opérateurs, l’assainissement et la décontamination se font par accès direct, au moyen d'un blindage local ou à distance, par des télémanipulateurs et/ou des robots.

Le déroulement des opérations d'assainissement et de décontamination dépend des doses de rayonnement auxquelles les opérateurs sont exposés.

Le démantèlement

Lors du démantèlement, les installations et équipements fixes sont démontés et, au besoin, décontaminés par les mêmes procédés. Les grosses pièces sont découpées. Il s’agit généralement de béton et d’acier qui sont découpés au câble diamanté.

En fonction des doses radiologiques auxquelles sont exposés les opérateurs, le démantèlement se fait par accès direct, au moyen d'un blindage local ou à distance, par des télémanipulateurs et/ou des robots. Les techniques de démantèlement varient en fonction de la nature des installations et équipements à traiter (découpe au câble diamanté, découpe à la scie à ruban, à la scie circulaire ou à la torche à plasma,… ). Une combinaison de différentes techniques est souvent nécessaire en raison de la diversité des situations rencontrées lors du démantèlement d’une installation.

Les techniques de démantèlement varient selon les installations et équipements à traiter (découpe au câble diamanté, à la scie à ruban, à la scie circulaire, à la torche à plasma, ...).

Recycler, réutiliser ou conditionner et entreposer ?

Trois filières (appelées exutoires) sont possibles pour les matériaux radioactifs issus d’un démantèlement.

  1. Les matériaux radioactifs qui ne peuvent pas être décontaminés deviennent des déchets et sont acheminés vers notre filiale industrielle Belgoprocess. Ils y sont traités, conditionnés et entreposés en attendant un stockage définitif.

  2. Les métaux qui restent légèrement radioactifs après décontamination sont expédiés vers des fonderies à l’étranger. Après fusion, ils y sont proposés comme matériau recyclé à usage industriel.

  3. Les bétons qui restent légèrement radioactifs après décontamination sont mis en décharges spécifiques ( «libération conditionnelle »). Si leur niveau de radioactivité est inférieur aux limites légales, ils peuvent être réutilisés dans l’industrie classique pour la construction de route notamment ( «libération inconditionnelle »).

Quant aux matériaux non radioactifs, ils sont évacués vers des décharges conventionnelles. En moyenne, moins de 10% du volume des matériaux issus des opérations de démantèlement deviennent des déchets radioactifs que nous prenons en charge.

En moyenne, moins de 10 % du volume des matériaux finissent en déchets radioactifs, que nous prenons en charge.

Le déclassement final

Au terme des opérations de démantèlement, l’installation est retirée de la liste des installations classées comme nucléaires. Elle ne sera donc plus soumise aux contrôles réglementaires spécifiques de l’Agence fédérale de Contrôle nucléaire (AFCN).

Réhabiliter ou démolir ?

Certaines installations sont parfois fragilisées à la suite des opérations de démantèlement et peuvent alors être démolies.

Dans une optique de réduction des coûts et de gestion durable, les exploitants mettent tout en œuvre pour réhabiliter au maximum leurs installations nucléaires déclassées. La valorisation de ces sites à l’arrêt trouve ainsi sa place dans le cycle de vie d’une installation : conception, construction, exploitation, arrêt, démantèlement et réhabilitation. Certaines installations, comme c’est le cas de la zone contrôlée du bâtiment B14 sur notre site de Fleurus, sont parfois fragilisées au terme des opérations de démantèlement et pourraient dès lors être démolies.

En quoi consiste un plan de déclassement ?

Depuis 1991, les installations nucléaires belges les plus importantes doivent faire l’objet d’un plan de déclassement comprenant un volet administratif et un volet technique. Ce plan est établi dès la mise en exploitation de l’installation et tenu à jour durant son exploitation. Les opérations administratives comprennent notamment l’élaboration de la stratégie de déclassement et l’obtention des autorisations. Les opérations techniques englobent les méthodes utilisées pour le démantèlement et la gestion des substances radioactives sur le site.

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Quelle est la priorité absolue dans un démantèlement ?

Dans un chantier de démantèlement nucléaire, plusieurs risques sont à considérer : les risques liés à la sûreté nucléaire et à la radioprotection ainsi que les risques classiques liés à tout chantier de déconstruction. C’est pourquoi chaque étape fait notamment l’objet d’études de sûreté nucléaire validées par l’AFCN. La priorité absolue reste la sûreté et la sécurité des opérateurs, ainsi que la protection des riverains et de l’environnement.

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Quelle est la stratégie de l’ONDRAF dans un démantèlement ?

Dans les chantiers que nous supervisons ou que nous exploitons, nous adoptons une approche durable. Nous privilégions les solutions et techniques permettant de recycler ou réutiliser un maximum de matériaux au moindre coût. Nous limitons ainsi le volume de déchets radioactifs. En moyenne, moins de 10% du volume des déchets générés lors des opérations de démantèlement restent radioactifs.

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Le cinquième rapport des passifs nucléaires est en ligne

Politique

Début 2024, L’ONDRAF a publié son cinquième inventaire des passifs nucléaires, un excellent instrument pour évaluer les coûts de déclassement des installations nucléaires et de gestion des déchets radioactifs qui en ressortent.

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Dernière modification le 22/04/2025