Quelle est la stratégie de l’ONDRAF dans un démantèlement ?
Pour les sites que nous exploitons ou supervisons, notre stratégie de démantèlement vise :
à minimiser les volumes de déchets et d’effluents radioactifs grâce à des techniques spécifiques
à limiter les coûts
à recycler ou réutiliser un maximum de matériaux
et à réaffecter un maximum de locaux et de bâtiments
En moyenne, moins de 10% du volume des matériaux issus des opérations de démantèlement deviennent des déchets radioactifs que nous prenons en charge. Il existe trois filières (appelées «exutoires ») pour les matériaux issus d’un démantèlement.
Quelles sont ces trois filières ?
Après décontamination, les métaux qui restent légèrement radioactifs sont envoyés à l’étranger pour y être traités par fusion. Les bétons qui restent légèrement radioactifs sont soit acheminés vers des décharges spécifiques ( «libération conditionnelle »), soit réutilisés dans l’industrie classique ( «libération inconditionnelle »). Enfin, les matériaux radioactifs qui ne peuvent pas être décontaminés deviennent des déchets radioactifs qui sont acheminés vers notre filiale industrielle Belgoprocess pour traitement, conditionnement et entreposage, avant leur mise en stockage définitif.
La fusion des métaux
Une grande fraction des métaux légèrement contaminés, comme l'acier, peut être recyclée après fusion. Notre pays ne dispose pas des installations nécessaires au traitement de ces métaux contaminés ; ils sont donc envoyés dans des fonderies situées à l’étranger. Les métaux contaminés y sont chargés dans un four. Pendant le processus de fusion, des scories apparaissent à la surface du métal fondu. Il s’agit de morceaux de déchets pierreux qui contiennent presque toute la radioactivité présente à l'origine dans les métaux contaminés. Ces scories métalliques radioactives sont ensuite écrémées et rapatriées vers notre filiale industrielle Belgoprocess pour conditionnement et entreposage en attendant leur stockage définitif. Le métal fondu situé sous les scories est coulé dans des moules standard. Ce métal n'est plus radioactif et est «libéré inconditionnellement » : il est proposé sur place comme matériau recyclé à usage industriel.
La libération du béton
Les bétons qui restent légèrement radioactifs après décontamination sont soit réutilisés dans l’industrie classique (construction de route) si leur niveau de radioactivité est inférieur à un certain seuil. On parle alors de «libération inconditionnelle ». Soit ils sont mis en décharges spécifiques si leur niveau de radioactivité est supérieur à ce seuil. Il est alors question de «libération conditionnelle ». Les autres matériaux non radioactifs sont évacués pour être réutilisés ou sont expédiés dans des décharges conventionnelles agréées.
La prise en charge par l’ONDRAF
Les matériaux radioactifs qui ne peuvent pas être décontaminés deviennent des déchets radioactifs. Ils sont placés dans des fûts et acheminés vers notre filiale industrielle Belgoprocess. Ils y sont traités, puis conditionnés et entreposés en attendant un stockage définitif. Il peut s’agir de vêtements de protection, lingettes, hottes, équipements de laboratoire et de protection individuelle des travailleurs, …
Trois scénarios existent pour les matériaux issus d'un démantèlement.
Le cas particulier des centrales nucléaires
Le démantèlement des réacteurs nucléaires de Doel et Tihange générera de gros volumes de déchets radioactifs. Les déchets de faible ou moyenne activité et de courte durée de vie seront placés en vrac dans des paniers, et non des fûts, sur le site des centrales. Ils seront ensuite acheminés vers un nouveau bâtiment de Belgoprocess où ils seront transférés dans des caissons en béton spécifiques. Ces caissons seront scellés et remplis de mortier, et deviendront également des monolithes destinés à la future installation de stockage en surface.
Les résines radioactives provenant des activités de décontamination chimique seront transportées directement chez Belgoprocess.
Les déchets de moyenne activité et de longue durée de vie, comme les composants internes des cuves des réacteurs, seront découpés sur le site des centrales et placés dans des conteneurs spécifiques qui seront ensuite entreposés chez Belgoprocess. Les résines radioactives issues des activités de décontamination chimique seront acheminées directement vers Belgoprocess où elles seront entreposées en attendant leur traitement et conditionnement, par pyrolyse selon le scénario actuel. Tous ces déchets seront destinés au futur stockage en profondeur.
Quant aux combustibles usés des réacteurs, ils refroidiront pendant plusieurs années après leur utilisation dans une piscine de désactivation située sur le site de la centrale. Ils seront ensuite transférés dans un bâtiment – également sur le site des centrales nucléaires – où ils seront entreposés dans des conteneurs à parois épaisses. Selon le planning actuel, ils devraient être acheminés vers Belgoprocess après 2050. Ils y seront entreposés dans un bâtiment spécifique et seront à terme destinés au stockage en profondeur.
Le démantèlement, une entreprise complexe
Le démantèlement d’une installation nucléaire est complexe et se déroule en plusieurs étapes rigoureuses et structurées. Lors des travaux, il peut arriver que les équipes sur le terrain soient confrontées à des flux de déchets radioactifs inédits ou trop dangereux. Des programmes de recherche et développement doivent alors être lancés afin de trouver des solutions innovantes.
À titre d’exemple, le processus total de déclassement d’une centrale nucléaire, depuis les demandes d’autorisation suivies du démantèlement et du retrait de la centrale de la liste des installations nucléaires classées, peut durer de 15 à 20 ans, en fonction de sa vétusté.
Comment se déroule un chantier de démantèlement ?
Les chantiers de démantèlement de taille importante se déroulent généralement en plusieurs phases clés. Il faut tout d’abord mettre l’installation à l’arrêt définitif, sécuriser le site et dresser l’inventaire des substances et équipements radioactifs. Après cette phase démarrent des opérations successives visant à éliminer au maximum la radioactivité tout en limitant le volume de déchets radioactifs. Au terme de ces opérations, les installations sont soit réaffectées à d’autres activités soit démolies.
En quoi consiste un plan de déclassement ?
Depuis 1991, les installations nucléaires belges les plus importantes doivent faire l’objet d’un plan de déclassement comprenant un volet administratif et un volet technique. Ce plan est établi dès la mise en exploitation de l’installation et tenu à jour durant son exploitation. Les opérations administratives comprennent notamment l’élaboration de la stratégie de déclassement et l’obtention des autorisations. Les opérations techniques englobent les méthodes utilisées pour le démantèlement et la gestion des substances radioactives sur le site.
Quelle est la priorité absolue dans un démantèlement ?
Dans un chantier de démantèlement nucléaire, plusieurs risques sont à considérer : les risques liés à la sûreté nucléaire et à la radioprotection ainsi que les risques classiques liés à tout chantier de déconstruction. C’est pourquoi chaque étape fait notamment l’objet d’études de sûreté nucléaire validées par l’AFCN. La priorité absolue reste la sûreté et la sécurité des opérateurs, ainsi que la protection des riverains et de l’environnement.
Opération réussie pour le plus gros cyclotron jamais démantelé en Belgique
Démantèlement
À la mi-octobre 2022, l’ONDRAF et ses partenaires finalisaient la découpe au câble diamanté de la culasse du plus gros cyclotron qui ait jamais été entièrement démantelé en Belgique.
En savoir plusDernière modification le 22/04/2025