Comment, où et pourquoi les déchets radioactifs sont-ils traités ?
Les déchets radioactifs qui arrivent sous forme brute chez Belgoprocess à Dessel doivent d'abord être traités avant d'être entreposés temporairement. L'objectif est de réduire le volume des déchets, puis d’immobiliser et de confiner les substances radioactives restantes dans des fûts de déchets. Cela permet d'obtenir un produit final stable et sûr, prêt à rejoindre les bâtiments d’entreposage en attendant un stockage définitif.
Le traitement des déchets radioactifs consiste d'abord en une série d'opérations entre autres mécaniques, physiques et chimiques visant à réduire leur volume. Vient ensuite le conditionnement, à savoir un ensemble d'opérations pour obtenir un fût de déchets de 400 litres adapté à l’entreposage. Cela nous permet de concentrer autant que possible la radioactivité et de diminuer ainsi la quantité de substances à considérer comme des déchets radioactifs.
Notre filiale industrielle Belgoprocess dispose de plusieurs installations pour traiter et conditionner les déchets de faible, moyenne et haute activité. La grande majorité des déchets radioactifs traités et conditionnés sont des déchets de faible activité. Electrabel traite et conditionne également une petite partie de ses déchets de faible activité sur ses sites.
Belgoprocess dispose de plusieurs installations pour traiter et conditionner les déchets de faible, moyenne et haute activité.
Le traitement des déchets de faible activité
Les déchets de faible activité non conditionnés qui arrivent chez Belgoprocess sont déchargés dans un bâtiment d’entreposage où ils demeurent pendant une courte période (de quelques semaines à un an) jusqu'à ce qu'ils puissent être acheminés vers une installation de traitement. Si cela ne se produit pas immédiatement, c'est parce qu'il faut attendre qu'il y ait suffisamment de flux de déchets similaires pour les traiter ensemble.
La manière de réduire le volume des déchets dépend de leurs caractéristiques. Les producteurs de déchets les trient principalement en trois flux : les déchets combustibles, les déchets compressibles et les déchets liquides. Ceux-ci sont traités de manière spécifique avant d'être finalement immobilisés et confinés (« conditionnés ») dans un fût de 400 litres. Ces opérations ont lieu dans l'installation de traitement CILVA (Centrale Infrastructuur voor Laagactief Vast Afval – Infrastructure centrale pour les déchets solides de faible activité).
Les déchets combustibles
Les déchets combustibles sont alors acheminés vers le four où ils sont incinérés à une température d'environ 1 000°C.
Les opérateurs placent les sacs contenant les déchets combustibles sur un convoyeur. Cette manipulation nécessite une protection minimale : des vêtements de protection, des gants et un masque filtrant suffisent. Les sacs de déchets passent ensuite par un système d'inspection aux rayons X et par un détecteur de métaux. Les éventuels restes métalliques sont enlevés, car ils pourraient endommager le four.
Les déchets sont ensuite acheminés vers l'incinérateur où ils sont brûlés à une température d'environ 1 000 °C. Les gaz de combustion passent par plusieurs filtres et, après contrôle, sont rejetés par la cheminée. Après incinération, les cendres contenant les particules radioactives sont recueillies dans des fûts en acier de 200 litres.
Les déchets compressibles
Dans une presse, les fûts subissent une pression de 2 000 tonnes jusqu’à former une galette dont l'épaisseur peut atteindre plusieurs dizaines de centimètres.
Les déchets non combustibles comprennent notamment des tuyaux, des pièces métalliques et des débris de béton. Le producteur de déchets rassemble ces composants dans des fûts en acier de 200 litres, prêts à être compressés. Les déchets qui ne peuvent être compressés sont coupés en morceaux et immédiatement conditionnés dans un fût de 400 litres.
Les déchets liquides
Le volume des déchets liquides peut être traité de deux manières différentes : par traitement chimique ou thermique. Dans le cas du traitement chimique, les déchets liquides passent d'abord par la station d'épuration. Des produits chimiques sont ajoutés à l'eau, créant des flocons sur lesquels se déposent les substances radioactives. Ces flocons décantent et forment une couche de boue radioactive. Les eaux traitées aboutissent dans un bassin de captage et sont évacuées dans la rivière Molse Nete après des contrôles stricts. Au cours du traitement thermique, les déchets liquides sont concentrés jusqu'à ce qu'il ne reste plus que des boues radioactives, qui sont ensuite traitées comme des déchets combustibles.
Le conditionnement des déchets de faible activité
Les déchets traités, qu'ils soient combustibles ou compressibles, se retrouvent généralement dans des fûts en acier de 200 litres. Ceux-ci sont d'abord perforés pour permettre à l'air ou à d'éventuels gaz de s'échapper. Ensuite, ils sont compactés dans le supercompacteur pour réduire encore leur volume. Dans cette presse, les fûts subissent une pression de 2 000 tonnes jusqu’à former une galette dont l'épaisseur peut atteindre plusieurs dizaines de centimètres.
Les galettes pressées sont ensuite glissées sur un plateau tournant où leur hauteur et leur poids sont mesurés. Chaque galette reçoit un code-barres qui renvoie à ces informations et aux données sur sa composition chimique et radiologique. Enfin, ces galettes sont placées dans des fûts en acier de 400 litres à l'aide d'un grappin..
Un produit fini stable
Les fûts en acier sont résistants à la corrosion et leur forme cylindrique les rend faciles à manipuler : ils forment un produit final stable.
Ces fûts sont ensuite acheminés vers l'installation de cimentation, où ils sont remplis de mortier. Cela permet de confiner les substances radioactives et de bloquer une partie des rayonnements ionisants. Le mortier durcit et, après quelques jours, les fûts sont scellés avec un couvercle. Ils font ensuite l'objet d'un contrôle visuel final et leur composition radiologique est vérifiée. Tous les fûts sont pesés et un contrôle est effectué pour vérifier l'absence de contamination à l'extérieur.
Chaque fût se voit attribuer une fiche d'identification avec un code unique, qui est enregistré dans une base de données. Il est donc toujours possible de vérifier ultérieurement l'origine, le contenu et les caractéristiques des déchets. Un fût entièrement rempli pèse en général environ 1 tonne, pour une hauteur de 1,07 mètre et un diamètre de 0,77 mètre. Les fûts en acier sont résistants à la corrosion et faciles à manipuler grâce à leur forme cylindrique. Ils forment un produit final stable, prêt à être acheminé vers un bâtiment d’entreposage.
Le traitement des déchets de moyenne et haute activité
Les quantités de déchets de moyenne activité traitées et conditionnées sont beaucoup plus limitées que celles des déchets de faible activité. Les opérations nécessaires à cette fin sont effectuées au sein de l’installation Pamela, où les déchets solides de moyenne activité ne sont pas incinérés mais seulement comprimés. Ce qui donne également des fûts de déchets de 400 litres. Pour des raisons de sûreté, les collaborateurs ne peuvent pas s’approcher des déchets. Ils manipulent les déchets à distance depuis une salle de contrôle dotée de fenêtres de verre au plomb et d'épais murs en béton qui les protègent du rayonnement.
Quant aux quantités de déchets de haute activité traitées et conditionnées, elles s’avèrent encore plus limitées. Leur traitement est soumis à des mesures de protection similaires à celles des déchets de moyenne activité. La seule différence est l'épaisseur du blindage. Les déchets de haute activité qui dégagent une chaleur telle qu'ils nécessitent un refroidissement, ne sont pas traités par Belgoprocess.
Les quantités de déchets de moyenne activité traitées et conditionnées sont beaucoup plus limitées que celles des déchets de faible activité.
Où et comment sont entreposés temporairement les déchets radioactifs ?
Les déchets radioactifs traités sont provisoirement entreposés dans des bâtiments adaptés à Dessel, non loin du site de traitement. Ces bâtiments sont construits en béton, un matériau qui bloque les rayonnements. Plus l’intensité de rayonnement des déchets est forte, plus les murs en béton sont épais. Des contrôles, inspections et diverses mesures de sûreté garantissent la protection de l’Homme et de l'environnement contre les risques liés aux déchets.
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